Le Mesnil et son histoire
Faute de documents suffisamment fiables ou disponibles, l’histoire du Mesnil-le-Roi demeure encore fragmentaire et se nourrit parfois de légendes qui ont pris corps à travers les siècles.
Le nom du Mesnil vient du latin “mansio” lieu de séjour, habitation. Son qualificatif royal remonterait à Hugues Capet lorsque celui-ci s’approprie les biens que l’abbaye de Saint-Germain-des-Près possède dans la région. Lorsque le fondateur de la dynastie capétienne décide de redistribuer ce patrimoine, à ses plus fidèles vassaux, il ne conserve que “le petit domaine royal du Mesnil”.
Par la suite, nombreux sont les rois, résidant à Saint-Germain-en-Laye qui foulèrent son sol. Une légende affirmait que François 1er fut élevé au château de Vaux, construit au XIIIe siècle, appelé “la Nourricerie”. D’autres indiquent qu’il s’agissait du chenil des chiens de chasse du Roi ou encore le refuge des enfants adultérins de la Cour. Charles IX aimait à chasser dans les marécages de bords de Seine …
Le Château
Louis XIII, enfant, venait déguster les confitures de Madame de la Salle à Carrières ! Quant à Mademoiselle de la Vallière, elle aurait eu un pied à terre près de la forêt !… Louis XIV aime à lui rendre visite après avoir chassé le sanglier… Autant d’images romanesques, vraies ou fausses, qu’il est plaisant de croire…
Jusqu’au 15ème siècle, les terres du Mesnil appartiennent pour l’essentiel, à plusieurs abbayes. Mais celles-ci s’en séparent et les cèdent à des bourgeois de Paris ou à des officiers royaux qui peuvent ainsi loger à proximité de la Cour où ils exercent leur charge. Cette noblesse d’armes ou de robe détient des fiefs dont la commune conserve le souvenir dans l’appellation de ses quartiers ou lieux-dits comme : Le Belloy, La Maisonneuve, le Clos de la Salle, Vaux, La Borde.
Antoine Le Moyne, Seigneur de Vaux, contrôleur du trésor, entreprend quant à lui la reconstruction de l’église du Mesnil achevée par son fils Denis, consacrée le 2 août 1587.
Le comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, racheta le marquisat de Maisons, avec ses dépendances du Mesnil et de Vaux, en 1777, le fief de Carrières-sous-Bois en 1778 et celui du Belloy en 1783.
Le dernier fief créé au Mesnil en février 1789 est donné par Artois au marquis Lally Tollendal, d’origine irlandaise, et fils du comte Lally Tollendal, gouverneur des Indes françaises, exécuté sous Louis XV. Il fit bâtir le château de la Chataîgneraie, élu aux états Généraux, actif sous la Constituante qui organise la France nouvelle, Lally Tollendal participe à la création des départements avec Sieyes avant d’émigrer à Londres. De retour en France sous l’Empire, il deviendra ministre de Louis XVIII, Pair de France et Académicien français.
Au XXe siècle. Rappelons la présence de la famille Hamot au “château du Mesnil”, tapissiers d’Aubusson depuis le XVIIIe siècle.
Le Mesnil héberge, pêle-mêle : Louis Loucheur, fondateur de la C.G.E. et ministre créateur des H.L.M., Louise Chéruit, la couturière, le carrossier Labourdette, les artistes Serge Gainsbourg, Popeck, les écrivains Louis Pauwels, Jeanne et André Bourin, les polonais Jerzy Giedroyc et Josef Czapski dans leur pavillon du 91 avenue de Poissy, dont les Archives sont classées “Mémoire du Monde” au patrimoine de l’U.N.E.S.C.O. Il y en aurait bien d’autres encore à citer mais ce serait une longue histoire…
Mesnil-le-Roi, terre de cultures
Mais l’histoire de la cité des bords de Seine, est aussi l’histoire d’une terre nourricière. Jusqu’à la Révolution, une seule paroisse abritait deux hameaux : Carrières-sous-le-Bois-en-Laye et Le Mesnil-le-Roi. Cette bourgade est alors la plus peuplée et la plus prospère avec son marché hebdomadaire et ses deux foires annuelles.
L’église est au Mesnil mais Carrières possède le prieuré et la chapelle Saint-Pierre. Terre de cultures et d’élevage, le Mesnil est un lieu privilégié pour les vergers.
Les prunes qui poussent à l’ombre du hameau mesnilois sont d’ailleurs exportées à Londres jusqu’au début du XXème siècle.
Sa vigne, à flanc de coteau, disparaît totalement après la seconde guerre mondiale. Disparaît avec elle un vin qui fit les honneurs de la table royale, dès le Moyen-Age.
Les XVIIe et XVIIIe siècle et leur appétit de châteaux bouleversent la vie paysanne par l’exploitation intensive des sous-sols d’où sont extraits les moëllons.
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, les carrières du Mesnil alimentent les constructions environnantes et parisiennes. L’aménagement d’un port à Carrières facilite l’acheminement par voie d’eau de ses “entrailles”.
Si Laffitte s’établit à Maisons, d’autres barons, bourgeois et financiers choisissent Le Mesnil… C’est l’époque des grands domaines avec leurs parcs qui s’égrènent en chapelet : des Flageaux à l’actuelle maison de retraite de Champsfleur. Le château du Mesnil érigé au XVIIème, à proximité de l’église, est détruit vers 1830 puis reconstruit en style hollandais par William Hope, le financier… pour être finalement démoli en 1938.
Au milieu du XIXème siècle, le Jockey club organise des courses dans la prairie du Mesnil… En 1896, le premier “golf de Paris” ouvre au Mesnil avant de s’installer à la Boulie car les éleveurs n’apprécient pas que l’on trouble la pâture de leurs chevaux et de leurs vaches laitières avec un jeu aussi dangereux et des balles bizarres en guitaperca !
Le Blason du Mesnil
Le blason est doté d’un animal symbolique capable de vivre dans le feu : la salamandre.
La ville du Mesnil-le-Roi, dispose depuis 1952 d’un blason qui porte : “d’azur à deux éperons d’or à l’antique avec leurs sous-pieds l’un sur l’autre, celui de la pointe contournée ; les courroies aussi d’or liées et entrelacées au coeur de l’écu au chef d’argent chargé d’une salamandre de gueules accostée de deux fleurs de lys cousues d’or couronne murale à cinq tours crénelées, celle du milieu surmontée d’un faucon d’or grilleté et longué du même ; la tête contournée, au manteau semé de France, voletant, attaché au col d’un ruban d’argent”.
Comme nombre de cités qui ont adopté les armoiries de leurs anciens seigneurs, la ville porte celles de La Salle “les éperons”, augmentées ici d’un chef propre “une salamandre et un faucon”.
Seigneurs de Carrières-sous-Bois, les de La Salle, étaient originaires de la Soule (pays Basque).
Jean 1 de La Salle, capitaine gouverneur de Saint-Germain-en-Laye en 1542 devint châtelain de Carrières par mariage en 1548. Le fief devait rester dans la famille jusqu’en 1778, date à laquelle Nicolas Adrien de la Salle le céda au Comte d’Artois, pour couvrir une partie de ses dettes.
Ce Nicolas, fut un personnage haut en couleurs : officier sans envergure sous Louis XV, cabaretier, propriétaire malchanceux d’une des premières manufactures de porcelaine sous Louis XVI, devenu marquis par mariage, écrivain, général recevant les clés de la Bastille le 14 juillet 1789, révolutionnaire et Gouverneur de Saint-Domingue en 1792, il termina ses jours à l’asile de Charenton en 1818.
La Salamandre et le Faucon
Ces deux animaux, qui agrémentent le chef du blason, sont repris sur le bas-relief de la tourelle du château de Vaux.
La salamandre, emblème de François 1er, est un amphibien batracien à la forme d’un lézard, pouvant mesurer 1,5 m de longueur. Cette créature, parfaitement inoffensive, est un animal symbolique de la croyance populaire, capable de vivre dans le feu et d’en activer l’ardeur. François 1er l’accompagnait d’une devise “Je m’en nourris et je l’éteins”.
L’oiseau de proie, placé sur le chef a une signification moins certaine. Il pourrait s’agir d’un faucon rappelant le goût du roi pour la chasse ou d’un phénix, emblème d’Éléonore d’Autriche, seconde épouse de François 1er.
Le phénix, oiseau qui renaît de ses cendres, doué de longévité et symbole de la double royauté de cette sœur de Charles Quint qui fut reine du Portugal avant de devenir reine de France.